FR – Le palmier à huile, l’ami des pauvres

L’huile de palme est l’objet de toutes les inquiétudes, sanitaires et environnementales. Au point que des grandes marques de la distribution et de l’agroalimentaire inscrivent sur leurs étiquettes la mention « sans huile de palme ». D’autres, plus discrètes et moins affirmatives, préfèrent la mention « huile végétale », qui recouvre très souvent la présence de l’huile redoutée.

>> visitez le lien d’origine.

Pourquoi une telle méfiance ? Dans La Palme des controverses, Alain Rival et Patrice Levang, tous deux agronomes et chercheurs respectivement au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), proposent de déplacer le « curseur » vers le sud, là où s’est développée la culture et où la majorité de la consommation se fait.

L’occasion pour les auteurs, qui disent vouloir présenter une position « nuancée », de stigmatiser certains gouvernements et certaines ONG du Nord qui s’octroient un « rôle de gendarme du monde ». « Distributeurs, transformateurs, organisations non gouvernementales ou journalistes ont souvent choisi d’accentuer le trait, de faire bon usage de raccourcis rapides (palmier égale déforestation) ou d’informations superficielles (bonnes-mauvaises graisses) pour argumenter », écrivent-ils.

FAUX ARGUMENTS

Sans prétendre écrire une encyclopédie sur un dossier déjà abondamment documenté, les deux agronomes livrent un ouvrage didactique pour faire pièce à ce qu’ils estiment être de faux arguments.

Des origines de l’exportation de cette huile vers l’Europe, au XIXe siècle, aux derniers rebondissements de l’amendement dit « Nutella », du nom de la marque célèbre de pâte à tartiner, pour en taxer et donc limiter l’importation en France, les auteurs racontent l’histoire du palmier. « Miracle » pour les économies du Sud, « maléfique » au Nord. Mais les deux hommes, étroitement associés à des projets de recherche et de développement du palmier à huile en Asie et en Afrique, défendent une voie médiane, entre le rejet en bloc et la production intensive.

Pour ne pas détruire la forêt, ils proposent de développer « les techniques agroforestières, les mosaïques paysagères et la planification écologique » permettant une « production durable » défendue par la table ronde pour une huile de palme durable (RSPO), créée fin 2004. Ce qui n’empêche pas certaines ONG de critiquer la trop grande souplesse des critères retenus par la RSPO.

Cette voie durable, encadrée par des normes environnementales et sociales, permet de penser un avenir du secteur de l’huile de palme qui ne soit plus associé à la déforestation, à la disparition des orangs-outans ou aux risques de santé publique encourus. « La culture du palmier à huile est incontournable dans l’éradication de la pauvreté dans les pays tropicaux », rappellent les spécialistes du développement.